La tension persistante entre Ouagadougou et Paris ne montre aucun signe de désescalade prochaine, avec une nouvelle décision du Burkina Faso de retirer le français de son statut de langue officielle, selon le projet de révision constitutionnelle récemment dévoilé. Cette décision, annoncée par le ministre de la Justice, Edasso Rodrigue Bayala, à l’issue du Conseil des ministres, indique un changement significatif dans la dynamique linguistique du pays.
Le projet de loi propose l’institutionnalisation des langues nationales en tant que langues officielles, écartant ainsi le français de cette position formelle. Toutefois, il est précisé que le français continuera d’être utilisé au sein de l’administration et demeurera une langue de travail dans les écoles. Cette modification, bien qu’elle puisse être interprétée comme un signe de souveraineté linguistique, ne supprime pas le français de la sphère publique et professionnelle.
Cette initiative s’inscrit dans une série de mesures prises par les autorités burkinabè depuis août dernier, date à laquelle elles ont dénoncé les accords fiscaux de non-double imposition avec la France. Ces accords étaient en vigueur depuis octobre 2023. Avant cette décision, le Burkina Faso avait rompu les accords militaires avec la France et avait exigé, puis obtenu, le départ de l’ambassade et des troupes françaises.
Ces développements marquent un tournant significatif dans les relations entre les deux nations et soulignent la volonté du Burkina Faso de réaffirmer son indépendance politique et diplomatique. La révision constitutionnelle, en particulier en ce qui concerne la langue officielle, reflète le désir de promouvoir les langues nationales tout en maintenant une coopération pragmatique avec le français dans le cadre administratif et éducatif.
Il reste à voir comment cette décision affectera les relations diplomatiques entre le Burkina Faso et la France, et si cela pourrait marquer le début d’une nouvelle ère dans les interactions entre les deux pays. Les changements dans le domaine linguistique peuvent également avoir des implications socio-culturelles et éducatives, et il sera intéressant de suivre comment ces ajustements seront accueillis au sein de la population burkinabè et au niveau international.
Alpha DIALLO